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Mon Journal de Lisbonne
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20 avril 2014

mon appartement lisboète

Ce matin, une entrée atlantique avait amené un vent frois et une importante couche nuageuse, d’où manteaux et vestes dans toute la ville. Mais il ne faut pas plus désespérer de Lisbonne que de la Bretagne. Aussi vers treize heures, victoire du soleil qui devrait briller tout l’après-midi. Du coup, après m’être dit que je resterai travailler dans mon appartement, j’ai changé d’avis, je vais aller marcher. La marche — ou la piscine, ou le vélo… — sont indispensables à mon équilibre. Sans ces efforts physiques, je déprime, me sent inutile, vieux, usé et dans une solitude métaphysique déprimante. Passons. Je connais le remède. Cependant il me faut toujours un effort pour l’appliquer surtout quand la météo n’est pas engageante. Je peux comprendre ce que ressentent les personnes souffrant de dépression…

Je n’ai pas encore parlé de mon appartement sinon que j’ai dit qu’il était situé à deux ascenseurs de la Baixa et juste au-dessous du Castelo. C’est un assez grand appartement : un salon, une salle à manger, une chambre, une cuisine, une salle de bain. Tout neuf, avec une certaine qualité de décoration, une belle cheminée par exemple. Du coup je me sens chez moi. Il m’est loué par des gens appartenant au milieu artistique, lui s’occupe d’une fondation artistique. Il m’a d’ailleurs offert à mon arrivée un petit recueil d’extraits des lettres de la religieuse portugaise illustrés par Matisse. Assez beau. Elle est céramiste et, si j’ai bien compris lithographe. L’appartement a (ou est encore ?…) son atelier, il s’appelle d’ailleurs « Oficina do Castelo », il contient du matériel pour travail de la terre et une presse à lithographie. Ce qui est plus intéressant, ce sont les œuvres qu’elle y a laissées et que je trouve très belles : des bustes de petites filles ou de petits garçons. Ces bustes vont du haut des cuisses à hauteur de poitrine. Ni têtes ni membres. Mais ce qui edt encore plus intéressants c’est que ce sont des nus habillés, ceux de petites filles notamment sont faits de deux matières, une terre ocre rouge pour le corps et une beaucoup plus pâle, vaguement orangée, pour les vêtements qui sont tous des sous-vêtements avec ou sans dentelles qui, pour la plupart sont relevés sur le torse dénudant le sexe et le haut des cuisses. Tout cela est réalisé avec une grande pudeur et pourtant a une charge érotique indéniable car il y a dans ces mouvements de retrait du sous-vêtement comme une invitation à la découverte. Je n’avais encore jamais vu ça. Il y a d’autres choses plus banales comme des poteries, des têtes d’hippotames ou des corps de vache, mais rien d’aussi intéressants que ces bustes. Quant aux lithographies, pas une…

Par ailleurs l’appartement est au rez-de-chaussée de la rua do Castelo très passante et, toute la journée, le monde des touristes défile devant ma fenêtre. Comme il y a, sur le rebord intérieur, deux oiseaux en métal canari et qu’ils sont à hauteur de tête des enfants, beaucoup de ceux-ci s’arrêtent, demandent à leurs parents de faire une photo. Parfois, quand je suis en train de travailler, me font des signes. C’est assez amusant, j’ai parfois l’impression d’être en vitrine. C’était peut-être l’effet visé pour l’atelier car le tour de potier est juste devant cette fenêtre. Mais je ne suis pas potier. Heureusement, les adultes ne s’arrêtent pas, ou si peu…

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